12 août 2012

PORTRAIT : Filippo Inzaghi, la légende s'en va...


Filippo Inzaghi, la joie après le but...
Surnommé « Super Pippo », Filippo Inzaghi est désormais un ancien footballeur international italien. Précisément, depuis le 9 août dernier, l’attaquant à la réputation de « renard des surfaces » a raccroché les crampons pour tenter débuter une nouvelle aventure. Celle d’entraîneur. « Super Pippo » est aujourd’hui entraîneur des Allievi Nazionali (nom des jeunes du Milan AC).

L’ancien avant centre de la Juventus de Turin qui vient de fêter ses 39ans (le 9 août dernier) a toujours suscité un respect singulier de la part de ses adversaires. Entre autres, cette phrase de José Mourinho balancé avant l’opposition entre son club, le Real Madrid, et le Milan AC du grand « Super Pippo ». « Milan peut jouer avec 10 attaquants du moment que Pippo Inzaghi ne joue pas. S'il joue, ce sera plus difficile pour nous. » . L’entraîneur portugais avait pourtant eu raison de sortir cette maxime. Car au final, Inzaghi plantait deux buts et permettait ainsi au club Lombard d’arracher le point du nul face au Merengue. Pour l’anecdote, à la fin du match, l’entraîneur du Real, José Mourinho, partait le voir pour lui glisser quelques mots –sans doutes de reconnaissances- à celui qu’il considère comme l’attaquant le plus dangereux dans la surface de réparation.
Diplômé en comptabilité –comme quoi le football de haut niveau peut bien s’allier aux études de premiers plans-, Filippo a l’amour du football depuis son plus jeune âge. C’est ainsi qu’à 7ans, il découvre le plaisir du ballon rond à Saint Nicolo (petite province de Plaisance). Celui qui restera plus tard dans les annales du football mondial comme l’un des meilleurs buteurs de tous les temps, va démarrer sa petite carrière avec des gants à la main. Mais lorsque le destin nous lance son appel au son mélodieux et mielleux, et au-delà de toute évidence, comme un symbole Filippo Inzaghi va vite retrouver son poste de prédilection : l’attaque !

Célibataire et en couple depuis 2008, « super pippo » va entamer sa très longue et mouvementée carrière en deuxième division italienne. A tout juste 18ans, le natif de Plaisance va vivre au quotidien la saveur du football professionnel avec son club formateur de Picenza FC. Apparu seulement à deux reprises, il va devoir rejoindre la division inférieure, la saison prochaine, pour mûrir et continuer son apprentissage. A Leffe (troisième division italienne), Inzaghi se sent pousser des ailes et va commencer à savourer la joie du but marqué. Avec 13buts inscrits en 21 apparitions, le buteur commence à se tailler son statut. Il va retrouver la série B la saison suivant, mais toujours sous forme de prêt. Sous les couleurs du club de Verone, « super pippo » plante la même bagatelle de but, mais cette fois-ci en disputant l’intégralité de la saison (36matchs).
Trois ans après son départ de la maison, Filippo est de retour. Le début d’une longue et riche trajectoire qui sera garnie de titres et de records personnels… En plantant 15pions lors de ses 37 sorties avec Piacenza, l’autochtone permet ainsi à son club formateur de remporter le titre de champion de Série B (Saison 1994-1995). Ses performances obligent des clubs de l’élite à se renseigner sur lui. C’est alors qu’à l’été 1995, il dépose ses valises à Parme. Mais au sein d’un effectif de qualité, et miné par quelques pépins physique, Inzaghi ne parviendra pas à s’imposer. Marquant que deux petits buts en quinze matchs de série A avec son nouveau club. Il vient tout juste d’avoir ses 22ans, mais « super pippo » se plait déjà bien en coupe d’Europe. Il trouvera le chemin des filets à deux reprises, après quatre rencontres avec Parme en C2. Jugé très limite par les jaunes et bleu, avec des chiffres qui ne laissent pas présager un avenir flamboyant au natif de Piacenza, Parme va libérer son attaquant.
Inzaghi peine à confirmer, et décide de rejoindre le modeste club de l’Atalanta Bergame, qui lutte pour le maintient en Série A italienne. A l’abri de la pression et de l’exigence du haut niveau, le champion de série B 95 va enfin prendre son envol. En fin de saison, le club de Bergame pointe à la dixième place du classement. Mais au-delà de ce résultat mitigé en général, mais exceptionnel pour ce club habitué aux tumultes du bas du classement, on retiendra le rôle singulier joué par le jeune attaquant de 23ans arrivé cet été en provenance des Ducali de Parme. En  inscrivant 24buts en 33matchs de sérieA, Inzaghi fait mieux que tous les attaquants de première division italienne cette saison. Tout fraîchement nominé Meilleur jeune du championnat italien, le nouveau joyau de Bergame s’offre le titre de meilleur buteur de la saison. Les sirènes retentissent de partout, même au plus haut niveau au sein de l’élite, et l’Atalanta ne peut résister face aux offres alléchantes des cadors de sérieA . Fort d’une saison aboutie, le tout nouveau meilleur buteur de sérieA connaître sa première aventure avec la sélection nationale italienne le 8 Juin 1997, à Lyon, dans un match amical face au Brésil (3-3).

La Juventus de Turin semble la plus séduite par les performances du bimbo de Piacenza, et se décide de casser la tirelire. A l’été 1997, Filipo Inzaghi accepte le chalenge turinois et rejoint un effectif de la Juve déjà bien garni avec, entre autres, Alessandro Del piero et Zinedine Zidane. Acheté à 14.5ME, il est conscient des attentes qu’il suscite, et sait qu’il se doit de justifier son transfert chez les bianconerri.
Pour sa première saison, il est loin de procurer la déception de ses dirigeants et des tifosi, qui voient déjà en lui, un « monsieur but ». Avec 18buts inscrits, il remporte son premier titre de champion d’Italie de sérieA. Inzaghi et les coupes d’Europe, une histoire d’amour au parfum idyllique. La même année, il plante 6pions et porte la Juve en finale de ligue des champions. Malheureusement, le rêve va se briser dans l’Amsterdam Areena, face au Real Madrid, en finale, « super pippo » et les siens vont plier (1-0) face aux espagnols.
Pour sa dernière dans le piémont (saison 2000-2001), malgré 11buts inscrits en championnat et quatre en ligue des champions, Inzaghi se voit pousser vers la sortie par un autre attaquant de sa même catégorie : David Trézéguet. En quatre saison chez les bianconerri, Inzaghi aura planté 89buts en 165matchs disputés. Soit une moyenne de 0.53 buts par match…

A l’été 2001 Berlusconi et le Milan AC sont conscients de la bonne affaire à réaliser sur le marché. Le propriétaire du club lombard ne va pas lésiner sur les moyens pour s’offrir les services de l’attaquant turinois à la fragrance européenne. Les rossonerri dépensent 41.2ME, l’affaire est conclue : « super pippo » est milanais !
Pour sa première saison, le transfuge de Turin ne fait pas grosse impression. Il n’inscrira que 10buts en championnats. Mais heureusement qu’à côté, il y’a toujours l’Europe. Et Inzaghi va scorer à quatre reprises en sept sorties (C3). Des prouesses qui vont encourager Giovanni Trapattoni a joindre le buteur milanais à son groupe pour le mondial asiatique. Après 1998, il va ainsi participer à sa deuxième coupe du monde avec la Nazionale. La saison suivante, celui que Sir Alex Ferguson qualifie d’ « enfant né hors-jeu » en référence à son positionnement toujours à la limite du hors-jeu sur le terrain, va toiser le sommet de son art. Il inscrit 17buts en championnat, mais surtout « super pippo » avec 12 réalisations en ligue des champions, permet au club lombard de soulever son sixième sacre continental de l’épreuve. A Milan, le doute n’est plus permis : Inzaghi est une légende ! On attend tous la confirmation de numéro 9 rossenerro. Mais la suite se passe de commentaires… La saison suivante, Inzaghi inscrit son nom au prix Nobel des blessures à répétition : Octobre 2003, il est victime d’un traumatisme crânien, deux mois plus tard, il est victime d’un claquage au mollet. Comme si le sort ne s’était pas assez abattu sur lui, il doit encore composer avec  deux nouvelles blessures : il se fracture la cheville gauche, puis la main, et pour finir, il est victime d’une tendinite au genou.

  Son retour, il le doit, particulièrement, à un homme qu’il tient à remercier personnellement : "J’ai traversé cette période de blessures dans la douleur et la sérénité à la fois. J’avais mal, mais le Milan ne m’a jamais abandonné. J’ai gardé la confiance et le soutien de tous. C’est ça, le secret de mon retour. Le club a renouvelé mon contrat avant la deuxième opération. Je n’oublierai jamais que pendant ma convalescence à Knokke [en Belgique], Ancelotti m’a envoyé tous les jours des SMS dans lesquels il me disait ne pas lâcher, que je reviendrai comme avant et que je serais encore utile au Milan. Je préfère un entraîneur comme lui qu’un sergent de fer." Marcello Lippi, celui qui a été son entraîneur à la Juventus, décide de griffonner le nom du « super pipo » pour le mondial allemand. Il n’inscrira qu’un seul but dans cette aventure (contre la République Tchèque en phase de poule), mais quelques jours plus tard, il soulève l’or à Berlin. Après une saison dernière empoisonnée par les blessures, le redoutable renard de surface milanais est champion du monde, et entre dans la légende du football italien. Un an plus tard, en finale de ligue des champions, l’ancien joueur de Bergame et de la Juve inscrit un doublé et permet au Milan AC de remporter sa septième ligue des champions. Elu homme du match ce soir, Inzaghi –au-delà de toute polémique et face à un constat des plus objectifs qui puisse être- rend le monde entier unanime sur sa capacité à se montrer présent lors des grands rendez-vous. Après 2003, il vient de porter une deuxième ligue des champions à un palmares déjà rayonnant au lueur de l’or mondial glané un an plutôt.

Le 13 mai dernier, San Siro était en ébullition, la tension était palpable, les larmes coulaient sur tous les yeux dans un Guiseppe Meazza aux aires d’adieu avec son amour de longue date. Entré à vingt minutes de la fin du match qui oppose son club à Novara, Inzaghi joue là son dernier match sous les couleurs rouges et noirs du club lombard. Il profite d’une passe du néerlandais Clarence Seedorf , pour inscrire son dernier but en rossenerro : contrôle de la poitrine, reprise de volée. Un des plus beaux buts de sa carrière, pour qui connait le genre de but que marque « super pippo ». Il permet même avec ce but à son club de l’emporter (2-1) face à son adversaire du jour. Après onze longues années passées au Milan AC (2001-2012), Filippo Inzaghi tire sa révérence. Le bilan est brillant pour le champion du monde 2006 : 127 buts inscrits en 300 matchs.
Au total, Inzaghi c’est 21ans de carrière professionnelle (1991-2012). Foulant les pelouses à 623 reprises, il aura inscrit 288 buts tout au long de cette carrière riche en émotions et trophées. Pointé du doigt pour son manque de rapidité dans le jeu, son physique atypique et pour sa carence technique, « super pippo » aura prouvé tout au long de sa carrière que son sens du placement et du but inégalable, son opportunisme et sa soif de buts auront fait de lui l’un des buteurs les plus prolifiques de l’histoire du football mondial. Au panthéon des artificiers devant le but, Filippo Inzaghi restera une figure incontournable.



Le Saviez-Vous ?
Inzaghi n'a été expulsé que 2 fois dans sa carrière, la première fois lors de la saison 1996/1997 avec L'Atalanta en championnat et la seconde fois en Super Coupe d'Italie le 29 août 1998 avec la Juventus contre la Lazio pour un second carton jaune suite à un tacle appuyé (premier carton jaune pour protestation). C’est aussi l’aîné de Simone Inzaghi –lui aussi footballeur professionnel- qui a, lui, raccroché en 2010.

*Cliquez sur les deux tableuaux ci-dessous pour découvrir la carrière d'Inzaghi en chiffres.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire